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Défiscalisation des frais professionnels liés au télétravail

Avec la crise sanitaire liée au coronavirus, le recours au télétravail a connu un fort accroissement en France. Or, travailler à domicile engendre des frais supplémentaires pour les salariés (abonnement internet, cartouches d’encre, achat de matériel informatique, etc.). Afin de soutenir les télétravailleurs, les frais professionnels de 2020 liés au télétravail font l’objet d’une fiscalité avantageuse.

À chaque télétravailleur son avantage fiscal

Le régime fiscal applicable aux frais professionnels liés au télétravail diffère selon deux éléments : l’employeur a, ou non, versé une allocation pour couvrir les dépenses de ses salariés, et le contribuable a, ou non, opté pour le régime des frais réels. Quatre situations différentes peuvent ainsi exister. 


1- Le salarié n’a pas reçu d’allocation de son employeur et il choisit le régime des frais réels

Dans ce cas, les frais professionnels liés au télétravail sont exonérés d’impôt sur le revenu à hauteur de 2,5 € par jour de télétravail, soit 50 € par mois (20 jours de télétravail), et ce dans la limite de 550 € par an.

Cependant, si les frais réellement engagés pour télétravailler sont plus importants que le forfait prévu, il est possible de déduire de l’impôt sur le revenu le montant réel des frais. Il est alors important de bien conserver les justificatifs des dépenses afin de les présenter à l’administration fiscale en cas de contrôle.


À noter : lorsque le contribuable fait le choix du régime des frais réels, il peut déduire les dépenses professionnelles, qu’elles soient ou non liées au télétravail. En plus des frais engagés pour le télétravail (abonnement à une offre Internet, frais de téléphone portable, achat de mobilier et de matériel informatique, cartouches d'encre, ramettes de papier,  etc.), il peut également déduire les frais de transport domicile-lieu de travail et les frais de repas.

Par contre, le choix d'être soumis au régime des frais réels s’applique à tous les frais professionnels. Il n’est donc pas possible de choisir le régime réel pour les frais liés au télétravail et l’abattement forfaitaire pour le reste des frais professionnels.


2- Le salarié n’a pas reçu d’allocation de son employeur et ne choisit pas le régime des frais réels

Une déduction forfaitaire de 10 % est alors automatiquement appliquée par l’administration fiscale sur les traitements et salaires déclarés.


3- Le salarié a reçu une allocation pour les frais liés au télétravail et n’a pas choisi le régime des frais réels

Dans certaines entreprises, les télétravailleurs ont reçu des allocations visant à couvrir les dépenses liées au télétravail. Ces allocations ont pu prendre plusieurs formes : remboursement de l’abonnement Internet et/ou de téléphone mobile, forfait mensuel ou annuel, etc. Ces allocations sont réputées concerner des frais non courants inhérents à la fonction ou à l’emploi. À ce titre, si elles sont utilisées conformément à leur objet, c’est-à-dire pour couvrir les frais de télétravail, elles sont exonérées d’impôt sur le revenu (article 81 1° du code général des impôts). Le salarié n’a donc pas à déclarer les allocations versées par son employeur.

À défaut d’opter expressément pour le régime des frais réels, le contribuable salarié bénéficie de l’abattement forfaitaire de 10 % automatiquement appliqué sur les montants déclarés en traitements et salaires.


4- Le télétravailleur a reçu une allocation et a choisi le régime des frais réels

Dans cette hypothèse, il peut déduire de ses revenus ses dépenses professionnelles, autres que celles liées au télétravail.

Toutefois, si les frais réels de télétravail sont supérieurs à l’allocation versée par l’employeur, le salarié peut les déduire. Il devra alors déclarer les allocations de son employeur et ces dernières seront imposables. Les frais professionnels liés au télétravail seront ensuite déduits à hauteur des mêmes montants que dans la première situation.

Exemple d’imposition des frais professionnels

Au titre de l’année 2020, Mathieu a perçu :

- 40 000 € de traitements et salaires,

- 2 000 € d'allocation de son employeur pour le travail à domicile. Cette allocation a été versée sur présentation des justificatifs et prenait en compte l’ensemble des frais engagés par Mathieu : achat de meubles (bureau et chaise) et une partie de son abonnement Internet.

- 5 000 € de frais kilométriques engagés par Mathieu en dehors de sa période de télétravail.


Le montant des déductions pour frais professionnels sera différent selon que Mathieu choisisse ou non le régime des frais réels lors de sa déclaration de revenus de 2021.

Dans tous les cas, le montant des traitements et salaires sera de 40 000 €, et l’allocation de télétravail ne devra pas être déclarée (comme elle couvre tous les frais) et sera donc exonérée d’impôt.

Cependant, s’il choisit le régime réel des frais professionnels, Mathieu pourra déduire les 5 000 € de frais kilométriques. Au contraire, s’il ne fait pas le choix du régime réel, 4 000 € (10 % de 40 000 €) seront automatiquement déduits de ses traitements et salaires.

Emmanuelle Rouquette - Rédactrice juridique

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